C’était un jeune lycéen parisien de 17 ans. Son père était député communiste du 17e arrondissement de Paris. Déchu de son mandat sous Vichy, il est déporté avec 26 autres députés communistes au bagne de Maison Carrée en Algérie. Son fils Guy est arrêté à 16 ans : il connaît d’abord la prison en région parisienne, à Fresnes et à la Santé, puis à Clairvaux et enfin en Bretagne, à Châteaubriant. Désigné comme otage par Pucheu, ministre du gouvernement de Pétain, il est fusillé le 22 Octobre 1941 à Châteaubriant.
Voici la dernière lettre qui fut conservée de lui :
« Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino(1). Quant au véritable (2) je ne peux le faire hélas !
J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui, je l’escompte, sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans et demi, ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels(3). Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon cœur d’enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime »
1 Roger Semat, Rino Scolari
2 Serge, le frère de Guy Môquet
3 Jean-Pierre Timbaud, ami de Guy Môquet et Charles Michels, 38 ans, député communiste de Paris
Les derniers mots adressés à sa mère quelques instants avant d’aller au peloton d’exécution sont restés célèbres :
"... Vous tous qui restez, soyez dignes de nous..."
En souvenir de l’héroïsme dont il fit preuve, le collège porte son nom depuis avril 1977.